Milli mála - 01.01.2013, Side 265
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Sor li chief de la nef devant Sur la tête du navire, à l’avant,
Ke marinier apelent brant, que les marins appellent brant,
Out de coivre fait un enfant il y avait un enfant fait de cuivre,
Saete et arc tendu portant. portant une flèche et un arc tendu.
Éd. A. J. Holden . Trad. É. Ridel.
En précisant que chief (tête), qui est un mot du quotidien, est
appelé brant par les marins11, Wace suggère ainsi l’existence de deux
niveaux de langue, l’une courante et l’autre de spécialité.
4.1. Vocabulaire courant et vocabulaire technique
Une langue dite de spécialité est complexe. Si elle se caractérise par
l’emploi d’un vocabulaire technique spécifique du domaine auquel
il se rapporte, elle utilise aussi des mots de la langue courante. Une
langue de spécialité n’est, en effet, jamais entièrement technique et
ne peut être séparée de la langue vernaculaire à laquelle elle se rat-
tache. Il faut aussi supposer un niveau intermédiaire, où des termes
propres au domaine de spécialité sont usuels ou connus du plus
grand nombre. À partir de là, il est possible de proposer le classe-
ment lexical suivant :
a. Termes de la langue courante :
– le gréement : corde.
– les manœuvres à bord : abaisser, abatre (abaisser), avaler, courir,
deshaneker ou deshenechier (désharnacher), destre (à droite), es-
treindre (serrer), estricher (resserrer, diminuer), fermer (affermir),
haneker (harnacher), lacier (enlacer), lancer, lascher ou alascher
(relâcher), lever, senestre (à gauche), tendre, traire (tirer).
– la navigation : curir, -rrir (courir), returner (retourner), turner
(tourner).
11 Le mot est d’origine scandinave : il vient de brandr, ‘épée’, qui désignait sur les navires vikings un
bordage caractéristique en forme d’épée aboutissant vers l’étrave ; le terme, employé à la forme
plurielle (brandar) parce qu’il y avait deux bordages de chaque côté de la proue, a fini par s’appli-
quer à celle-ci tout entière (Ridel 2009a : 181–182).
ÉLISABETH RIDEL